Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/19

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de l’homme et de la société, puisqu’aucun temps ni aucun lieu n’offre d’exception à ce fait primitif et permanent.

Il n’est pas de notre dessein de rechercher comment la religion, suivant ce qu’elle contenoit de vérités et d’erreurs, modifia les institutions des peuples divers. Il nous suffit de faire remarquer qu’à l’époque où son influence, dans l’état et dans la famille, s’affoiblit et menaça de s’éteindre entièrement à Rome, sous les premiers Césars, tous les liens qui unissent les hommes se relâchant à la fois, l’empire tomba en dissolution ; et bientôt l’on vit ce grand corps languissant, épuisé, se débattre quelques instans, et succomber enfin sous les coups que lui portèrent des nations envoyées de Dieu, pour faire disparoître de la terre le peuple athée.

Exemple à jamais mémorable ! Les romains avoient renoncé aux dogmes conservateurs de tout ordre politique et civil : leur nom seul demeura pour rendre témoignage de ce qu’ils furent. La religion, bannie par les systèmes philosophiques, sortit de cette société auparavant si vivante ; et il ne resta qu’un cadavre. Le monde étonné contemploit cet informe débris, quand tout-à-coup s’éleva une société nouvelle, fondée par le christianisme et pénétré de son esprit. Croissant et se développant selon l’invariable loi reconnue des anciens,