Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/212

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sens. L’antique religion, en se développant, demeura toujours la base nécessaire de la société, le fondement du droit et du pouvoir ; mais son action se manifesta sous une forme nouvelle et plus parfaite, dès que le christianisme eut acquis, pour ainsi parler, une existence publique. Jésus-Christ avoit fondé une société spirituelle, gardienne infaillible de la doctrine, et investie, dans l’ordre du salut, d’une puissance indépendante du gouvernement.

Dès lors toutes les grandes questions de justice sociale, tous les doutes sur la loi divine, sur la souveraineté et sur ses devoirs, autrefois décidés par le peuple, durent l’être par l’Eglise, et ne purent l’être que par elle chez les nations chrétiennes, puisque l’Eglise, seule dépositaire de la loi divine, étoit chargée par Jésus-Christ même de la conserver, de la défendre, et de l’interpréter infailliblement. La plus longue durée des empires chrétiens, et leurs révolutions moins fréquentes, sont uniquement dues à cette admirable institution, qui mit le pouvoir des rois à l’abri des erreurs et des passions de la multitude, ainsi que Bossuet lui-même le reconnoît. " on montre plus clair que le jour, dit-il, que s’il falloit comparer les deux sentiments, celui qui soumet le temporel des souverains aux papes, et celui qui le soumet au peuple ; ... etc. "