Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/294

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Le christianisme, en perfectionnant l’institution religieuse, et par conséquent aussi l’institution sociale, n’en déplaça pas les fondements ; au contraire, il les affermit, et ce fut encore autour de l’autel que les hommes se rassemblèrent et s’unirent. Une nouvelle civilisation sortit du sanctuaire où s’étoit noué le lien politique, civilisation proportionnée dans son développement à celui des dogmes et des préceptes ; car tout le droit public des peuples est dans les préceptes de leur religion, et toute leur raison dans ses dogmes. Quoi qu’en puissent penser ceux dont la science n’a su jusqu’à présent que détruire, la vie de la société n’est pas de l’ordre matériel. Jamais état ne fut fondé pour satisfaire aux besoins physiques.

L’accroissement des richesses, le progrès des jouissances, ne créent entre les hommes aucuns liens réels, et un bazar n’est point une cité. Essayer de réduire à des relations de ce genre les rapports constitutifs d’une nation, c’est chercher les lois de la nature humaine et de la nature sociale dans ce que l’homme a de commun avec les animaux, c’est travailler dès lors à le rabaisser au niveau de la brute, condition indispensable pour le succès d’un pareil dessein : car tant que l’homme demeurera un être moral et intelligent, les lois de l’intelligence et de l’ordre moral se manifesteront