Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/295

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invinciblement, et domineront toutes les autres lois ; elles seront seules la société.

Et quel est en effet le pays, l’époque, où la société n’ait eu pour base des croyances communes avec les devoirs qui en résultent ? Et quand les croyances périssent, n’est-ce pas encore par les opinions qu’on se divise, ou qu’on se rapproche ?

N’est-ce pas toujours dans l’ordre spirituel, et là uniquement, que se trouve le principe d’union ? Mais aussi nulle cause plus puissante de séparation que la diversité des croyances, rien qui rende l’homme plus étranger à l’homme, qui crée des défiances plus profondes, des inimitiés plus implacables. Cela est vrai, surtout pour les peuples : quand la religion ne les unit pas, elle creuse entre eux un abîme.

L’histoire du monde païen en offre un exemple perpétuel. Ces haines si animées, si persévérantes, ce patriotisme étroit et barbare, quel en étoit le premier principe, si ce n’est l’opposition des cultes idolâtriques. " chaque état, dit Rousseau, ayant son culte propre, aussi bien que son gouvernement, ne distinguoit point ses dieux de ses lois... etc. "