Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/299

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Quoiqu’il rejetât la révélation, Rousseau ne laissoit pas de sentir ce grand caractère de divinité dont le christianisme est empreint. " le christianisme, dit-il, est, dans son principe, une religion universelle, qui n’a rien d’exclusif, rien de local, rien de propre à tel pays plutôt qu’à tel autre... le parfait christianisme est l’institution sociale universelle. " Mais comment forme-t-il une institution sociale ?

Avant Jésus-Christ, la vraie religion, confiée à la famille, qui en conservoit le dépôt par une tradition domestique, n’étoit point constituée publiquement.

Jésus-Christ en instituant un ministère public, une hiérarchie de pouvoirs gradués jusqu’au pouvoir suprême un et universel comme la religion qu’il devoit perpétuer, unit tous ses disciples dans une société, non seulement spirituelle, mais aussi extérieure et visible, et dont la notion même exclut l’idée de limites. C’est ainsi que le christianisme, universel par ses dogmes, par son culte, par ses préceptes, c’est-à-dire comme loi d’ordre et de vérité, est encore par la constitution divine de l’Eglise, l’institution sociale universelle. et de là sa force prodigieuse : s’il agit sur tout l’homme et sur tous les hommes par la puissance