Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/302

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par l’usurpation et finit par l’anarchie.

Le grand schisme qui déchira la chrétienté au seizième siècle, en offre la preuve dans toute son histoire ; et quiconque suivra par la réflexion ses conséquences jusqu’au bout, n’hésitera point à le regarder comme le plus terrible fléau qui jamais ait pesé sur le genre humain. Son premier effet fut de détruire la société publique des chrétiens, ou l’Eglise, en niant le pouvoir qui la constitue, en substituant au ministère un et universel et à son enseignement, un ministère local et un enseignement variable, en un mot en abolissant tous les liens extérieurs du christianisme. Mais, par là même qu’il nioit l’autorité divine de l’Eglise, il renversoit le principe de foi et détruisoit la société purement spirituelle, aussi bien que la société visible. Il rompit totalement l’unité de doctrine, de culte et de morale. L’écriture à la main, chaque homme se fit ou put se faire, à l’aide du jugement privé, sa religion particulière : donc plus de religion commune et universelle, plus de lien entre les esprits, mais une séparation absolue, et l’hostile indépendance de l’état sauvage.

En brisant l’unité religieuse, le protestantisme brisa également l’unité politique ; les peuples se classèrent d’après leurs croyances, tant il est vrai que ce sont elles qui rapprochent ou qui divisent : et il suffit de se rappeler le traité célèbre qu’avoit