Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/328

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article du budget. La religion, chaque année, reçoit un permis de séjour, et par surcroît de grâce on l’admet à une solde provisoire. Ses ministres, au lieu d’apparoître avec la dignité qui impose le respect, ne se présentent que comme les salariés de l’administration, et des salariés du dernier rang. On appelle le mépris sur les pasteurs des peuples, et après cela l’on s’étonnera de l’impiété des peuples et de leur corruption.

La position précaire du clergé, l’abaissement où il est réduit, ne sont pas les seuls effets du mode adopté pour sa dotation. L’état payant à chacun ses gages, et chaque centime ayant d’avance son emploi marqué, il en résulte que le clergé, sous la tutelle de l’administration qui ne connoît que des individus, ne dispose réellement d’aucuns revenus, n’a aucune affaire commune, aucuns liens de corps, et qu’isolés les uns des autres, les évêques ne voient que leur diocèse propre, où on leur ménage assez de luttes et de difficultés, pour qu’ils craignent peut-être de les multiplier en s’occupant des intérêts généraux de la religion.

C’est là, on ne sauroit trop le répéter, une des grandes plaies de l’Eglise de France. Elle a des hommes qui administrent au spirituel un territoire déterminé, comme les préfets administrent au civil leurs départements ; mais elle n’a point d’épiscopat.

Purement passive, elle ne peut, dans sa