d’apprécier certains faits, qu’ils n’aperçoivent qu’à travers l’illusion qui les préoccupe.
Ainsi la France a des évêques, des curés, des séminaires dotés par l’état, et tout cela est bien sans doute : mais allez plus avant, considérez le mode de cette dotation, et vous verrez d’abord que, renouvelée d’année en année, elle n’a rien de fixe, qu’on peut la refuser comme on l’accorde, qu’il faut voter à chaque session l’existence de la religion, s’enquérir par le scrutin si l’on continue d’en vouloir, et faire dépendre la foi, le culte et la morale du peuple, d’une boule noire ou blanche.
L’athéisme, nettement professé, seroit un moindre outrage à la divinité que cette espèce de jugement annuel auquel on soumet sa loi. Et chez quelle nation vit-on jamais remettre périodiquement en question la société entière, qui n’a d’autre base que cette loi immuable et imprescriptible ? La France conservera-t-elle des temples, des prêtres, des autels ? Consentez-vous à ce qu’on enseigne pendant douze mois encore aux français, les croyances de leurs pères et les devoirs éternels de l’homme ? Voilà ce que l’on demande aux pairs du royaume et aux députés des départements. Dépendante des passions politiques des partis et des opinions, qui en ce siècle sont aussi des passions, la première et, sans hésiter, la plus importante des institutions sociales, n’a d’autre garantie qu’un