Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/37

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entreprises dans un état démocratique. Pour atteindre un but important, pour opérer de grandes choses, le temps est indispensable, ainsi que la suite dans les conseils. Cette persévérance est le propre des gouvernements aristocratiques ; jamais ils ne sommeillent, jamais ils ne se lassent, jamais ils n’abandonnent un dessein conçu : tout, au contraire, se fait au hasard, par entraînement ou par caprice, dans les démocraties ; aussi n’eurent-elles jamais d’autre éclat que celui des armes, ni d’autre prospérité que la conquête.

Le christianisme avoit créé la véritable monarchie, inconnue des anciens ; la démocratie, chez un grand peuple, détruiroit infailliblement le christianisme, parce qu’une autorité suprême et invariable dans l’ordre religieux est incompatible avec une autorité qui varie sans cesse dans l’ordre politique. Le christianisme conserve tout, en fixant tout ; la démocratie détruit tout, en déplaçant tout. Ce sont deux principes qui se combattent sans relâche dans l’état : un principe d’unité et de stabilité, un principe de division et de changement perpétuel ; et comme nulle société ne sauroit sortir de ses voies tant que le principe qui la régissoit et qui a présidé à sa formation subsiste avec toute sa force, nulle monarchie chrétienne ne peut dégénérer en démocratie sans que le principe religieux n’ait subi auparavant une profonde altération.