Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/71

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aucuns. Dans les anciennes monarchies chrétiennes, l’église étoit la première des institutions publiques, et le clergé le premier des ordres de l’état, parceque l’on ne connoissoit point en ce temps-là de fonctions plus nécessaires ni plus élevées que les siennes. Il composoit, avec la noblesse et les députés des communes, les états-généraux de la nation. Il ne vivoit point comme étranger au milieu de la société qui lui devoit tout, ses croyances, ses lois, ses mœurs. Des propriétés qui, entre ses mains, furent toujours, en grande partie, le patrimoine des pauvres, assuroient, avec son existence, la perpétuité des bienfaits qu’il répandoit autour de lui ; il les administroit lui-même ; et quoi de plus juste ? Une corporation ne possède-t-elle pas au même titre qu’un particulier ? Ne doit-elle pas être, comme celui-ci, maîtresse de gérer ses propres affaires, et de disposer à son gré de ce qui lui appartient légitimement ? La folle manie d’administrer tout, de centraliser tout, qui, de nos jours s’est emparée de certains gouvernements, est, de leur part, un envahissement des seules vraies libertés des peuples, et peut-être, à la longue, la plus dure des tyrannies, car, en ôtant aux hommes le soin de ce qui les intéresse directement, pour les tenir sous une tutelle ruineuse et despotiquement inepte, on froisse sans interruption, et le bon sens universel, et tous les sentiments