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Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/74

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comme il unit originairement le père et la mère du genre humain. Pour nous, peuple sans Dieu, nous avons chargé un adjoint de village d’accomplir, loin de l’autel, l’œuvre de la toute-puissance, de lier à jamais les destins de l’homme à ceux de la compagne qu’il s’est choisie, d’enchaîner les caprices de son cœur, de soumettre sa volonté à une règle immuable, de créer la famille, la puissance paternelle, les devoirs des enfants : car, s’il ne fait pas toutes ces choses, le mariage dont il est le ministre n’est qu’un concubinage légal, une véritable prostitution.

Hâtons-nous d’arriver à la dernière scène du lugubre drame de la vie dans les sociétés athées. De consolations, d’espérances, la loi n’en connoît pas ; hors de la terre il n’y a rien pour elle : ses sollicitudes touchant à leur terme, elle n’a plus à s’occuper que de quelques soins de voirie.

Un officier public vient constater la mort. Il déclare qu’appelé en tel lieu, il y a vu un cadavre ; on écrit sur un registre le nom du décédé : deux fossoyeurs font le reste.

Cherchez dans l’univers, je ne dis pas une nation, mais une horde sauvage dégradée jusqu’à cet excès, vous n’en trouverez point. Jamais, avant le dix-huitième siècle, il n’exista de société publique systématiquement athée, de législation qui se combattît elle-même en renversant la base des devoirs ;