Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/78

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religieux emporta les esprits dans une direction opposée. Buonaparte sut le reconnoître et en profiter.

« Depuis ce temps, l’esprit religieux a toujours été croissant, ainsi que le démontre à tout œil attentif la situation de l’Europe. Qui peut en méconnoître l’influence dans les mouvements de la Grece, dans les troubles de l’Irlande, dans cette inquiétude vague qui pousse les esprits vers de hautes contemplations ? D’un bout à l’autre, l’Europe est travaillée par un ferment religieux, introduit dans la masse du corps social, mens agitat molem. Que dis-je ? ces sociétés secrètes, si acharnées contre le christianisme, ces livres impies dont le débordement nous inonde, ne prouvent-ils pas d’une manière invincible la tendance religieuse contre laquelle tant d’efforts se réunissent ? C’est parce qu’elle se voit assiégée dans la place qu’elle avoit conquise, que l’impiété s’y fortifie ; elle ne se défend que parce qu’elle est menacée. Ajoutez à ces preuves la renaissance de l’épiscopat, les concordats faits avec le Saint-Siège, l’établissement spontané de dix-huit cents communautés de femmes, les villes, les bourgs, appelant de tous côtés ces humbles frères de la doctrine chrétienne, plus nombreux aujourd’hui, plus difficiles à supprimer, que ne le furent il y a soixante ans les jésuites. Comment ne pas aper-