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Page:Debans - Un duel à vapeur, 1895.djvu/17

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Ce speech de Tom Tompson eut un succès énorme :

« Il a raison ! il a raison ! s’écria la foule. Hurrah pour Tom Tompson ! hurrah pour sa verrue ! hurrah pour son nez ! hip ! hip ! hip ! hurrah ! »

Je suis maintenant convaincu que Tom Tompson n’avait en aucune façon la pensée de me provoquer en combat singulier. Son seul but en me réclamant sous cette forme originale, était de m’arracher à une populace qui, après son accès de violente gaieté, pouvait finir par m’écharper en un clin d’œil.

Mais j’étais trop bête pour avoir compris la généreuse idée du père d’Ellen et je m’écriai :

« Je veux bien. Entrons dans une taverne et réglons les conditions du combat. »

Tom Tompson se mit donc à marcher à mon côté. Le gros du rassemblement continua sa promenade interrompue, et les curieux seulement nous suivirent dans l’espoir d’apprendre quelque chose d’intéressant sur le duel qu’on leur avait annoncé.

Nous entrâmes dans un bar-room. La grappe d’indiscrets qui s’étaient attachés à nous s’égrena dans tous les sens, sauf deux ou trois qui ne lâchaient pas aussi facilement le plaisir probable d’assister à la mort d’un homme.

Quoique je fusse encore ivre de sentiment, je savais qu’il était d’usage d’être fort poli dans les circonstances où je me trouvais, et j’offris une bouteille de wiskey à mon adversaire.

On s’attabla, — miss Ellen était retournée à son hôtel. — On but énormément ; même on s’enivra si