Page:Debans - Un duel à vapeur, 1895.djvu/27

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sur la voie où la machine de Tom, lancée à toute vitesse, se dirigeait vers moi. Cet homme me crut, aiguilla, et je passai.

Vous dire que mon cœur ne battit pas un peu plus vite quand je me trouvai sur cette voie, et que je songeai au choc imminent qui m’attendait serait un mensonge infâme.



Aussi me mis-je en devoir d’accélérer la vitesse de ma locomotive.

Aussi, me mis-je en devoir d’accélérer la vitesse de ma locomotive, pour que le vertige de la course ne me laissât pas trop de temps à consacrer aux réflexions.

Je pouvais dérailler, je le désirais presque. C’était en effet une épouvantable idée, que celle que j’avais eue là. Deux fois dans ma vie, j’avais vu des locomotives se rencontrer, et je savais quel terrible chaos cela produit. Pour les hommes qui les montent, il n’en est plus question. Un miracle, un de ces miracles que l’imagination elle-même ne saurait inventer, tant il est improbable, peut seul sauver les malheureux.

Et puis, c’est une effrayante lutte. L’une des machines a l’air de vouloir monter sur l’autre et l’écraser, mais celle-ci se dresse à son tour avec un bruit terrible. Les deux monstres se matent en jetant les cris aigus et sinistres de leurs sifflets ; la respiration désordonnée de la vapeur se mêle à cette confusion ; on jurerait qu’ils vont se prendre à bras le corps et chercher à se renverser l’un l’autre. Puis