Page:Debans - Un duel à vapeur, 1895.djvu/26

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— Eh bien, pourquoi n’es-tu pas venu ? tu n’as pas eu peur, je pense ? d’ailleurs tu dois te souvenir que c’est toi qui m’as provoqué.

— Eh bien, Tom, il faut me croire, car ce que je vais vous dire est la vérité pure ; c’est précisément le souvenir dont vous parlez, ou pour mieux dire la mémoire, qui m’a fait complètement défaut.

— Je veux le croire, dit Tom d’une voix assez railleuse.

— Vous m’aviez trop fait boire de wiskey, Tom, et j’en ai dormi quarante-huit heures ; après quoi je suis allé prendre l’air, sans plus songer ni à vous ni à notre duel.

— Et alors ?

— Alors, ce sera pour demain, si vous n’avez pas mieux à faire.

— C’est bien, mon fils, ce sera pour demain. »

Là-dessus nous nous séparâmes.

Le lendemain, en effet, je préparai ma locomotive comme si j’eusse été en service extraordinaire. Au milieu du brouhaha de la gare, on ne fit pas attention à moi.

Tom Tompson n’était pas retourné jusqu’à Washington. Il avait dû s’arrêter dans une petite ville intermédiaire qu’il m’avait désignée. À dix heures, sa machine se mettait en route aussi.

La seule difficulté réelle pour l’exécution de notre projet consistait à pouvoir prendre tous les deux la même voie sans exciter les soupçons des agents de la compagnie.

Je connaissais fort heureusement un aiguilleur dans une gare située à peu près aux deux tiers de mon parcours. Je lui dis que j’allais porter un secours