Page:Debans - Un duel à vapeur, 1895.djvu/37

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nombre des fractions, je pense — et j’étais toujours bouillant de courage et d’impatience, lorsque je dus obéir à un signal qui m’ordonnait impérieusement de m’arrêter.

Un accident grave avait eu lieu sur la voie. Je voulais bien me faire écraser par Tom Tompson, et l’écraser moi-même par la même occasion, mais je n’avais aucune raison d’aller me buter contre un fouillis de wagons déraillés et de voyageurs aplatis.

Je ralentis donc ma vitesse, et il était temps, car j’allai m’arrêter à 25 yards du lieu où avait eu lieu l’accident en question.


C’était une épouvantable marmelade de wagons, de locomotives…

C’était une épouvantable marmelade de wagons, de locomotives, de marchandises de toute sorte : sucres, mélasse, balles de coton, barriques de vin, tonneaux de wiskey, etc.

Le train qui venait de dérailler ne transportait pas de voyageurs. À la seule inspection de la machine, je sus par quel mécanicien il était monté. C’est toujours là notre première pensée à nous autres, parce que nous n’ignorons pas qu’un mécanicien ne revient guère de ces expériences de balistique.

Heureusement — si ce mot n’est pas trop cruel — j’acquis la certitude que le mécanicien et le chauffeur, qui étaient probablement morts à quelques pas de moi, se trouvaient être les deux plus misérables, les deux plus paresseux, les deux plus ivrognes, les deux