Page:Debans - Un duel à vapeur, 1895.djvu/53

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Tom Tompson était vraiment un homme admirablement constitué. En supposant que ma loupe fût un désagrément physique comparable à sa verrue, il est certain que je lui étais bien inférieur sous tous les autres rapports.

Il fut, — vous le comprendrez, — il fut naturellement un peu étourdi par le plongeon qu’il venait de subir ; mais cet étourdissement ne dura pas, et quelques secondes après l’événement, on le voyait reparaître à la surface du Black-River ; même son premier mot fut pour moi, car il murmura entre ses dents :

« Cette idée est vraiment impraticable. Encore une fois, il va falloir recommencer. William Turkey, mon fils, tu aurais dû accepter ma première proposition. »

Cela dit, il jeta, tout en nageant un regard autour de lui et se mit à m’appeler de toutes ses forces. Mais j’étais toujours au fond de l’eau, sans plus me douter qu’il existât au monde des ponts, des verrues, des rivières, des loupes, un Tom Tompson et des locomotives.

« God ! s’écria alors mon adversaire, est-ce que cet imbécile serait assez inconvenant pour se noyer ici, sans se soucier de son honneur et de la promesse qu’il m’a faite de nous briser l’un contre l’autre ? »

Puis, après avoir repris haleine :

« Mais je ne l’entends pas comme cela. Je ne veux pas qu’il meure noyé, tant que notre duel n’aura pas