Page:Debans - Un duel à vapeur, 1895.djvu/7

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plus belle fille des deux Amériques, Antilles comprises. Aussi, lorsque je fus en présence du couple, mes regards se portèrent-ils exclusivement sur la jeune personne. Je ne soupçonnais pas de quelle incalculable gaieté je me privais en ne contemplant pas d’abord Tom Tompson, son nez et sa verrue…

Mais ce plaisir, pour avoir été retardé, n’en fut pas moins vif, car aussitôt que l’admirable beauté d’Ellen me permit de porter mes regards vers son compagnon, je fus obligé de me tenir les côtes et de détourner les yeux, car si j’avais continué à le contempler, il est certain que j’aurais été forcé de me rouler sur le trottoir, dans une crise de rire telle que l’expression homérique elle-même ne peut rendre ma pensée que dans une proportion homœpathique, je veux dire infinitésimale.



Tom Thompson ! m’écriai-je aussitôt que mon accès me permit de parler.

« Tom Tompson ! Tom Tompson ! m’écriai-je aussitôt que mon accès me permit de parler. Ah ! ah ! ah ! ah ! Tom Thompson ! je parie cinquante dollars que vous êtes Tom Tompson ! Ah ! ah ! ah ! ah ! Aïe ! on ne devrait pas rire comme cela. Aïe ! ah ! ah ! Vous êtes bien Tom Tompson ? »

On m’avait averti pourtant. Dans les ateliers des chemins de fer, dans les gares, sur les locomotives, le nez et la verrue de Tom Tompson étaient célèbres, et l’on m’avait prévenu que lorsque je le rencontrerais, je ne pourrais manquer de le reconnaître et de