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Page:Debans - Un duel à vapeur, 1895.djvu/9

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toire, et se plaçait de minute en minute sous un jour nouveau ; en sorte que l’hilarité de la foule, qui semblait pourtant arrivée à son apogée, grandissait encore.

Il y avait des gens qui s’étaient assis sur le trottoir, et se tordaient en un rire nerveux. Vous jugez par là si le nez de Tom Tompson et la perle noire qui en faisait l’ornement produisirent leur effet.

Mais tout a un terme, même la patience de Tom Tompson. Il s’était séparé de sa fille Ellen pour se placer au centre du groupe dont il faisait la joie. Ses yeux furibonds allaient d’un rieur à l’autre, cherchant sans doute sur qui il pourrait faire retomber sa puissante colère.

Ce ne fut pas très long, s’il m’en souvient encore.

Nous étions deux personnes plus rapprochées de lui que les autres passants. Il s’avança droit vers mon voisin, et, repliant son formidable médius sur le pouce, pour lui donner la détente nécessaire, il asséna une terrible chiquenaude sur le nez du jeune homme, qui cessa de rire.

On pensa qu’il avait voulu s’attaquer ainsi à cette partie de la figure que tout être humain avait plus belle que lui. L’homme au nez meurtri poussa un rugissement, et porta précipitamment la main à son nez comme s’il n’eût pas été sûr de le retrouver à sa place, tant ce coup avait été violent.