Page:Debraux - Chansons nationales nouvelles et autres.djvu/159

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Te souviens-tu que de la capitale,
Les charbonniers par nous furent vaincus ;
Te souviens-tu que les forts de la halle
Devant nos chefs tombèrent sur leurs culs ?
Te souviens-tu qu’un des nôtres, bon drille,
Par une passe, inventée impromptu,
En trois quarts-d’heure a rossé la Courtille,
Dis-moi, Fanfan, dis-moi, t’en, souviens-tu ?

Te souviens-tu de la plaine glacée
Que le canal offrait aux patineurs ?
Plus d’une fois cette glace amassée
Gela nos pieds, sans refroidir nos cœurs.
Souvent alors, t’en souviens-tu, mon homme ?
Nous marronnions, mais notre œil abattu
Se rallumait à l’aspect du rogome ;
Dis-moi, Fanfan, dis-moi, t’en souviens-tu ?

Te souviens-tu qu’une passementière,
Par un malin, nous fit pocher un œil,
Et qu’il osa, quand nous fûmes par terre,
Sur nos débris marcher avec orgueil ?
Grave en ton cœur le nom du mirliflore,
Et s’il s’offrait à ton bâton pointu,
N’attends jamais que l’on te braille encore :
Dis-moi, Fanfan, dis-moi, t’en souviens-tu ?

Te souviens-tu… mais je m’arrête en route,
Car je n’ai plus de vin dans mon cruchon ;