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Page:Debraux - Chansons nationales nouvelles et autres.djvu/18

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Affrontant la clameur publique,
Mouraient sous un couplet caustique.
Ah ! laissez-moi chanter encor !

En vain d’un prince juste et bon
Nous avions tous fait notre idole,
La haine osa, sous un Bourbon,
Mettre un bâillon à la parole ;
Mais Charles, ce nouveau Nestor,
Ne veut point d’un peuple d’esclaves,
Sa voix a brisé nos entraves.
Ah ! laissez-moi chanter encor !

Je m’écrie, avec Béranger :
Pourquoi condamner mon délire ?
Ai-je jamais, à l’étranger,
Au poids de l’or, vendu ma lyre ?
De nos preux j’ai chanté l’essor,
De roses j’enlaçai leurs armes,
Mes refrains essuyaient leurs larmes.
Ah ! laissez-moi chanter encor !

Et vous, Messieurs les tout-puissans,
Abjurez vos terreurs paniques,
De vos poètes mendians
Je n’augmente pas les suppliques.
Ne redoutez rien pour votre or ;
Je ne demande pour salaire
Qu’un sourire de mon vieux père.
Ah ! laissez-moi chanter encor !