Ce ruisseau dont l’onde rapide
Roula jadis des flots de sang,
Pour promener son eau limpide
Des bois s’échappe en frémissant.
Il fuit, et dans de vastes ondes
Il va se perdre en peu d’instans ;
Ainsi tous les peuples des mondes
Se perdront dans la nuit des temps.
Ô Mont-Saint-Jean ! etc.
Ici l’Ottoman ou le Perse,
Peut-être en un lointain hiver,
Entendra résonner la herse,
Et sous le fer gémir le fer.
En voyant la face intrépide
Du preux que le soc a foulé,
Il dira, l’œil de pleurs humide :
Ici l’univers a tremblé.
Ô Mont-Saint-Jean, nouvelles Thermopyles,
Si quelqu’un profanait tes funèbres asiles,
Fais-lui crier par tes échos :
Tu vas fouler la cendre des héros.