Page:Debussy - Monsieur Croche, 1921.djvu/28

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Lamoureux le dimanche où l’on a sifflé votre musique. Il vous faut remercier les gens d’avoir été assez passionnés pour assumer la fatigue de souffler dans des clefs généralement inaptes à devenir des instruments de combat, celles-ci se considérant avec justesse comme des instruments domestiques. La façon de souffler entre leurs doigts des jeunes garçons bouchers est beaucoup plus recommandable… (On n’a jamais fini d’apprendre…) M. Chevillard montrait une fois de plus, à cette occasion, une merveilleuse et multiple compréhension de la musique. Quant à la Symphonie avec chœurs, il a l’air de la jouer à lui tout seul, tant il y a de vigoureuse mise en place dans cette exécution : cela dépasse les éloges que l’on a coutume de faire. »

Je ne pouvais qu’acquiescer ; j’ajoutai seulement que, faisant de la musique pour servir celle-ci le mieux qu’il m’était possible et sans autres préoccupations, il était logique qu’elle courût le risque de déplaire à ceux qui aiment « une musique » jusqu’à lui rester jalousement fidèles malgré ses rides ou ses fards !

« Les gens dont nous parlons — reprit-il — ne sont pas coupables. Accusez plutôt les artistes qui accomplissent la triste besogne de servir et d’entretenir le public dans une nonchalance voulue… À ce méfait, ajoutez que ces mêmes artistes surent