Page:Debussy - Monsieur Croche, 1921.djvu/38

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fermées à peu près pour jamais ; les quelques géniales réussites dans le genre excusent mal les exercices studieux et figés qu’on dénomme, par habitude, symphonies.

La jeune école russe tenta de rajeunir la symphonie en empruntant des idées aux « thèmes populaires » : elle réussit à ciseler d’étincelants bijoux ; mais n’y avait-il pas là une gênante disproportion entre le thème et ce qu’on l’obligeait à fournir de développements ?… Bientôt cependant, la mode du thème populaire s’étendit sur l’univers musical : on remua les moindres provinces, de l’est à l’ouest ; on arracha à de vieilles bouches paysannes des refrains ingénus, tout ahuris de se retrouver vêtus de dentelles harmonieuses. Ils en gardèrent un petit air tristement gêné ; mais d’impérieux contrepoints les sommèrent d’avoir à oublier leur paisible origine.

Faut-il conclure, malgré tant de transformations essayées, que la symphonie appartenait au passé par toute son élégance rectiligne, son ordonnance cérémonieuse, son public philosophique et fardé ? N’a-t-on vraiment que mis, à la place de son vieux cadre d’or éteint, le cuivre désobligeant des instrumentations modernes ?

Une symphonie est construite généralement sur un choral que l’auteur entendit tout enfant. — La première partie, c’est la présentation habituelle du « thème » sur lequel l’auteur va travailler ; puis