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Page:Debussy - Monsieur Croche, 1921.djvu/37

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combinaison de la destinée, aux barreaux dorés que lui faisait l’amitié mal charitable des grands. Beethoven dut en souffrir en plein cœur et désirer ardemment que l’humanité communiât en lui : de là, ce cri poussé par les mille voix de son génie vers ses « frères » les plus humbles comme les plus pauvres. A-t-il été entendu de ceux-là ?… Question troublante. — La symphonie avec chœurs fut jouée récemment en compagnie de quelques faisandés chefs-d’œuvre de Richard Wagner. — Tannhæuser, Siegmund, Lohengrin, clamèrent une fois de plus les revendications du leit-motive ! La sévère et loyale maîtrise du vieux Beethoven triompha aisément de ces boniments haut casqués et sans mandat bien précis.

Il me semblait que, depuis Beethoven, la preuve de l’inutilité de la symphonie était faite. — Aussi bien, chez Schumann et Mendelssohn n’est-elle plus qu’une répétition respectueuse des mêmes formes avec déjà moins de force. Pourtant, la « neuvième » était une géniale indication, un désir magnifique d’agrandir, de libérer les formes habituelles en leur donnant les dimensions harmonieuses d’une fresque.

La vraie leçon de Beethoven n’était donc pas de conserver l’ancienne forme ; pas davantage, l’obligation de remettre les pieds dans l’empreinte de ses premiers pas. Il fallait regarder par les fenêtres ouvertes sur le ciel libre : on me paraît les avoir