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Page:Debussy - Monsieur Croche, 1921.djvu/79

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monde indubitable et chimérique qui travaille secrètement à la poésie mystérieuse des nuits, à ces mille bruits anonymes que font les feuilles caressées par les rayons de la lune.

Tous les moyens connus de décrire musicalement le fantastique se trouvent en puissance dans le cerveau de cet homme. — Même notre époque, si riche en chimie orchestrale, ne l’a pas dépassé de beaucoup. — Si on peut lui reprocher un goût trop vif pour le panache et l’air à vocalises, il ne faut pas oublier qu’il épousa une chanteuse. Il l’adorait, probablement. C’est une cause qui pour être sentimentale n’en a pas moins de force ; d’autant plus que le souci matrimonial de nouer des nœuds de rubans avec d’élégantes doubles croches ne l’empêchait pas de trouver, dans maintes circonstances, des accents de belle et simple humanité, exempts de frondaisons inutiles. Cet homme (vous l’avez tous reconnu ?), c’était Charles-Marie Weber. L’opéra, dernier effort de son génie, s’appelait Obéron, dont la première représentation fut donnée à Londres (vous apercevez que j’avais des raisons admirables d’évoquer cette ville).

Quelques années auparavant, il avait fait représenter à Berlin le Freischutz ; puis Euryante. C’est par tout cela qu’il est devenu père de cette « école romantique », à laquelle nous devons notre Berlioz, si amoureux de couleur romanesque qu’il