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Page:Debussy - Monsieur Croche, 1921.djvu/88

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généralement entre la nature et les hommes. Voyez la scène au bord du ruisseau !… Ruisseau où les bœufs viennent apparemment boire (la voix des bassons m’invite à le croire), sans parler du rossignol en bois et du coucou suisse, qui appartiennent plus à l’art de M. de Vaucanson qu’à une nature digne de ce nom… Tout cela est inutilement imitatif ou d’une interprétation purement arbitraire.

Combien certaines pages du vieux maître contiennent d’expression plus profonde de la beauté d’un paysage, cela simplement parce qu’il n’y a plus imitation directe mais transposition sentimentale de ce qui est « invisible » dans la nature. Rend-on le mystère d’une forêt en mesurant la hauteur de ses arbres ? Et n’est-ce pas plutôt sa profondeur insondable qui déclanche l’imagination ?

Par ailleurs, dans cette symphonie, Beethoven est responsable d’une époque où l’on ne voyait la nature qu’à travers les livres… Cela se vérifie dans l’ « orage » qui fait partie de cette même symphonie, où la terreur des êtres et des choses se drape dans les plis du manteau romantique, pendant que roule un tonnerre pas trop sérieux.

Il serait absurde de croire que je veuille manquer de respect à Beethoven ; seulement, un musicien de génie tel que lui pouvait se tromper plus aveuglément qu’un autre… Un homme n’est pas tenu de n’écrire que des chefs-d’œuvre, et si l’on