Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/107

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de le perdre, plutôt que de l’embarrasser à ce point je me soumettrais à tout.

À la visite suivante, je lui remplis la tête des mêmes difficultés ; et, à la fin je mis en avant la proposition de rester à Paris ou en tout autre lieu qu’il indiquerait et, lorsque j’aurais appris son heureuse arrivée, de partir seule et de m’établir aussi près de lui que je le pourrais.

Ceci ne le satisfit pas du tout, et il ne voulut pas en entendre parler davantage. Si je me risquais, pour employer son mot, à faire un tel voyage, il ne voulait pas perdre la satisfaction de ma compagnie ; quant à la dépense, il ne fallait pas en parler, et véritablement il n’y avait point lieu d’en parler, car je vis qu’il voyageait aux frais du roi, tant lui que son équipage, étant envoyé en service secret pour une chose de la dernière importance.

Après avoir débattu ensemble à plusieurs reprises la question, il s’arrêta à cette résolution, qu’il voyagerait incognito et par là éviterait, pour lui comme pour ceux qui étaient avec lui, toute attention de la part du public. Ainsi, non seulement il m’emmènerait, mais il aurait parfaitement le loisir de jouir de mon agréable compagnie (comme il lui plaisait de s’exprimer) pendant toute la route.

Cela était si obligeant que rien ne pouvait l’être davantage. Dans cette vue, il se mit immédiatement à faire ses préparatifs de voyage ; et, d’après ses instructions j’en fis autant. Mais j’étais maintenant sous le coup d’un terrible embarras, que je ne savais par quel moyen surmonter ; c’était la manière dont je veillerais sur ce que je devais laisser derrière moi. J’étais riche, comme je l’ai dit, très riche ; ce que faire de mon bien, je ne le savais pas ; à qui le laisser en dépôt, je ne le savais pas non plus. Je n’avais personne au monde qu’Amy ; or, voyager sans Amy était très incommode, et la laisser avec tout ce que je possédais au monde et être, si elle faisait fausse route, ruinée tout d’un coup, c’était encore là une effrayante pensée. D’ailleurs, Amy pouvait mourir ; et entre les mains de qui mes affaires tomberaient-elles, je n’en savais rien. Cela me causait beaucoup d’inquiétude, et je ne savais que faire, car je ne pouvais en