-nous dire ? Et qui sait ce qu’il peut jurer ? Supposez qu’il jure qu’il sait que votre mari avait sur lui ces joyaux mêmes le matin qu’il est sorti, et qu’il les lui montra pour les lui faire estimer et le consulter sur le prix qu’il devait en demander au prince de *** ?
» — Certes ; et à ce compte, repris-je, il peut jurer que j’ai assassiné mon mari, s’il le trouve utile à ses projets.
» — C’est vrai ; et s’il le faisait, je ne vois pas ce qui pourrait vous sauver. Mais, poursuivit-il, j’ai découvert son dessein le plus immédiat. Ce dessein est de vous faire enfermer au Châtelet, afin de donner de la vraisemblance au soupçon, puis de retirer les joyaux de vos mains, si possible ; et alors il laisserait enfin tomber l’affaire en échange de votre consentement de lui abandonner les joyaux. Comment ferez-vous pour éviter cela, voilà la question que je voudrais vous voir prendre en considération.
» — Le malheur est, monsieur, que je n’ai pas le temps de considérer, et que je n’ai personne avec qui considérer, ou consulter à ce sujet. Je vois que l’innocence peut être opprimée par un individu de cette espèce. Celui qui n’attache aucune importance au parjure, tient la vie de tout homme à sa merci. Mais, monsieur, est-ce que la justice ici est telle que, pendant que je serai aux mains du ministère public et sous le coup d’une poursuite, cet individu puisse s’emparer de mes biens et garder entre ses mains mes bijoux ?
» — Je ne sais, répondit-il, ce qui peut se faire dans ce cas ; mais si, à défaut de lui, les gens de justice s’en emparaient, vous n’auriez pas, que je sache, moins de difficulté à les retirer de leurs mains ; ou, du moins, cela vous coûterait la moitié plus qu’ils ne valent. C’est pourquoi je pense que les empêcher d’y toucher en aucune façon serait un moyen bien meilleur.
» — Mais quel parti prendre pour arriver à cela, maintenant qu’ils sont avertis que je les possède ? lui dis-je. S’ils mettent la main sur moi, ils m’obligeront à les produire, ou peut-être me condamneront à la prison jusqu’à ce que je le fasse.
» — Mieux encore, comme le dit cette brute, reprit-il ; il vous mettront à la question, c’est-à-dire à la torture, sous prétexte