Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/169

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» — Parce que vous ne voulez pas me prendre.

» — Mais si je ne veux pas vous prendre, vous pouvez, vous, me prendre et m’emmener partout, hors Paris. »

Il lui répugnait beaucoup, dit-il, d’aller n’importe où sans moi ; mais il fallait qu’il allât à Paris ou aux Indes Orientales.

Je lui dis que je n’avais pas l’habitude de prier ; mais que j’oserais m’aventurer jusqu’aux Indes Orientales avec lui, s’il était nécessaire qu’il y allât.

Il me répondit qu’il n’était, grâce à Dieu, dans la nécessité d’aller nulle part, mais qu’il était fortement invité à se rendre aux Indes.

Je répliquai qu’à cela je n’avais rien à dire ; mais que je souhaitais qu’il allât n’importe où excepté Paris, parce qu’il savait qu’il ne fallait pas que j’y aille.

Il repartit qu’il n’avait rien à faire que d’aller là où je ne pouvais pas aller moi-même ; car il ne pourrait endurer de me voir, si je ne devais pas être à lui.

Je lui dis alors que c’était la chose la plus malplaisante qu’il pût dire à mon sujet, et que je devrais le prendre très mal, d’autant plus que je savais très bien comment l’obliger à rester, sans céder à ce à quoi il savait que je ne pouvais céder.

Ceci l’étonna. Il me dit qu’il me plaisait de faire la mystérieuse, mais qu’il était sûr que personne n’avait le pouvoir de l’empêcher de partir, s’il l’avait résolu, excepté moi qui avais assez d’influence sur lui pour lui faire faire n’importe quoi.

Oui, je pouvais l’arrêter, en effet, repris-je, parce que je savais qu’il ne pouvait pas plus agir durement envers moi qu’il ne pouvait agir injustement. Enfin, pour le tirer de sa perplexité, je lui dis que j’étais enceinte.

Il vint à moi, me prit dans ses bras, me baisa près de mille fois, et me demanda pourquoi j’avais été assez méchante pour ne pas le lui avoir dit déjà.

Je répondis qu’il était dur que, pour le faire rester, je fusse forcée de faire comme font les criminelles pour éviter la potence, d’invoquer l’état de mon ventre. Je croyais lui avoir donné assez de témoignages d’une affection égale à celle d’une épouse, non