Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/239

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être revenue à Rouen pour plus ample information. Quoi qu’il en soit, elle m’avait écrit de Paris qu’il n’y avait pas moyen de le trouver ; qu’il était parti de Paris depuis sept ou huit ans ; qu’on lui avait dit qu’il demeurait à Rouen, et qu’elle était sur le point d’y aller pour s’informer, mais qu’elle avait appris ensuite qu’il était parti de là pour la Hollande, et qu’en conséquence elle n’y allait pas.

Tel fut, dis-je, le premier rapport d’Amy ; et moi, qu’il ne satisfaisait pas, je lui envoyai l’ordre d’aller à Rouen, pour s’enquérir là aussi, comme il a été dit plus haut.

Pendant que ceci se passait et que je recevais des rapports d’Amy à plusieurs reprises, il m’arriva une étrange aventure qu’il faut que je mentionne ici même. J’étais sortie pour prendre l’air, comme d’habitude, avec ma Quakeresse, jusqu’à la forêt d’Epping, et nous revenions à Londres, lorsque, sur la route, entre Bow et Mile-End, deux gentlemen survinrent à cheval, rejoignirent le carrosse, et le dépassèrent en se dirigeant vers Londres.

Ils n’allaient pas vite pour avoir dépassé le carrosse, car nous avancions très lentement, et ils ne regardèrent point du tout dans la voiture. Ils chevauchaient côte à côte, causant ensemble avec une grande animation et penchant un peu leur figure de côté l’un vers l’autre, de manière que celui qui passa le plus près du carrosse tournait le visage dans l’autre direction, tandis que celui qui en était le plus loin regardait vers la voiture. Comme ils passaient tout à côté du carrosse, je pus les entendre très distinctement parler hollandais. Mais il est impossible de décrire le trouble où je fus lorsque je vis nettement que le plus éloigné des deux, celui dont le visage était tourné vers le carrosse, était mon ami, le marchand hollandais, de Paris.

S’il avait été possible de cacher mon désordre à mon amie la Quakeresse, je l’aurais fait ; mais je vis qu’elle était trop au courant de ces sortes de choses pour ne pas s’en apercevoir.

« Comprends-tu le hollandais ? dit-elle.

» — Pourquoi ?