« J’ai trouvé ton ami hollandais, me dit-elle ; et je puis te dire comment tu le trouveras aussi. »
Je devins rouge comme du feu.
« Alors tu as trafiqué avec le malin, amie, lui dis-je gravement.
» — Non, non, dit-elle, je n’ai pas d’esprit familier. Mais je te dis que je l’ai trouvé pour toi, et il s’appelle un tel, et il demeure ***, » comme il a été relaté plus haut.
Je fus de nouveau très surprise, ne pouvant m’imaginer comment elle était arrivée à savoir tout ceci. Cependant, pour me tirer d’inquiétude, elle me dit ce qu’elle avait fait.
« Eh bien ! dis-je, tu es très bonne, mais cela n’est pas digne de ta peine. Maintenant que je le sais, ce n’est bon que pour satisfaire ma curiosité, car je n’enverrai personne vers lui sous aucun prétexte.
» Qu’il en soit comme tu voudras », dit-elle.
Puis elle ajouta :
« Tu as raison de me parler ainsi, car pourquoi te confierais-tu à moi ? Et cependant, je t’assure que je ne te trahirais pas.
» — Tu es très bonne, et je te crois. Je t’assure que si j’envoie quelqu’un lui parler, tu le sauras, et je me confierai à toi. »
Pendant cinq semaines, je souffris mille perplexités d’esprit. J’étais absolument convaincue que je ne me trompais pas sur la personne, que c’était là mon homme. Je le connaissais si bien et je l’avais vu si nettement, qu’une erreur n’était pas possible. Je sortis dès lors en voiture, sous le prétexte de prendre l’air, presque tous les jours, dans l’espérance de le revoir, mais je n’eus jamais la chance de le rencontrer. De sorte que maintenant que ma découverte était faite, j’en étais à chercher quelles mesures prendre, tout comme auparavant.
Envoyer lui parler, ou lui parler la première, si je le voyais, de façon à être reconnue de lui, c’était ce que j’étais résolue à ne pas faire, dussé-je en mourir. Le guetter autour de sa maison était au-dessous de moi, autant que l’autre parti. En un mot, j’étais dans le plus grand embarras, ne sachant comment agir, ni que faire.