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Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/283

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parlez, que, si je l’ai faite grande dame, je saurai la tenir sur le pied d’une grande dame, où qu’elle aille avec moi, et sans que j’aie une pistole de sa dot, qu’elle ait une dot ou non ; et, puisque je ne me suis pas enquis si elle avait une dot ou non, je ne lui en témoignerai pas moins de respect, je ne l’obligerai pas à vivre plus médiocrement ou à se priver en rien à cause de cela ; au contraire, si elle va à l’étranger pour vivre avec moi dans mon pays natal, je la ferai plus qu’une grande dame et j’en supporterai les frais, sans m’inquiéter de quoi que ce soit qu’elle puisse avoir ; et ceci, je suppose, ajouta-t-il en finissant, contient la réponse à vos deux questions ensemble. »

Il avait en parlant un air beaucoup plus sérieux que je n’avais en lui posant ces questions. Il dit encore à ce sujet beaucoup de choses pleines d’amitié, comme conséquence de nos conversations antérieures, de sorte que je fus obligée de devenir sérieuse également.

« Mon ami, lui dis-je, je ne faisais que plaisanter avec mes questions. Je vous les posais pour amener ce que j’allais vous dire sérieusement, à savoir que, si je dois aller à l’étranger, il est temps que je vous fasse savoir l’état des choses, et ce que j’ai à vous apporter comme votre femme ; que nous voyions comment on doit en disposer, le placer, et le reste. Venez donc, asseyez-vous, et laissez-moi vous montrer le marché que vous avez fait. J’espère que vous verrez que vous n’avez pas pris une femme sans fortune. »

Alors il me dit que, puisqu’il voyait que j’étais sérieuse, il désirait que je remisse l’affaire au lendemain ; nous ferions alors comme font les pauvres gens après leur mariage, qui tâtent dans leurs poches et voient combien d’argent ils apportent ensemble dans le monde.

« Très bien, lui dis-je ; de tout mon cœur. »

Et la conversation s’arrêta là-dessus pour cette fois.

Ceci se passait le matin. Mon époux alla, après dîner, chez son orfèvre, dit-il, et, au bout de trois heures, il en revint avec un porteur chargé de deux grandes boîtes ; son domestique portait une autre boîte aussi lourde, à ce que je remarquais, que les deux du porteur, et sous laquelle le pauvre garçon suait