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Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/293

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semblables. Si bien que le matin, lorsque j’aurais dû me lever rafraîchie par le bienfait du repos, j’étais harcelée d’épouvantements et de choses terribles uniquement formées dans mon imagination, tantôt fatiguée et ayant besoin de dormir, tantôt accablée de vapeurs, et incapable de m’entretenir avec ma famille ou avec toute autre personne.

Mon mari, l’être le plus tendre du monde, surtout à mon égard, était très inquiet, et faisait tout ce qui était en son pouvoir pour m’encourager et me remettre ; il s’efforçait de me guérir en me raisonnant ; il essayait tous les moyens possibles de me distraire ; mais tout cela ne servait à rien, ou à bien peu.

Mon seul soulagement était quelquefois de m’épancher dans le sein de la pauvre Amy, lorsque nous étions seules, elle et moi ; et elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour me réconforter ; mais cela n’avait pas grand effet, venant de sa part ; car, bien qu’Amy fût la plus pénitente d’abord, quand nous avions été dans la tempête, elle était restée ce qu’elle avait coutume d’être, une folle, dissipée, débauchée coquine, que l’âge n’avait pas rendue beaucoup plus sérieuse ; car Amy avait à ce moment entre quarante et cinquante ans, elle aussi.

Mais reprenons ma propre histoire. De même que je n’avais personne pour m’encourager, je n’avais personne pour me conseiller. Il était heureux, je l’ai souvent pensé, que je ne fusse pas catholique romaine. Quelle jolie besogne j’aurais faite, en effet, d’aller trouver un prêtre avec une histoire telle que celle que j’aurais eue à lui dire ; et quelle pénitence tout père confesseur ne m’aurait-il pas obligé à accomplir, surtout s’il avait été honnête et fidèle aux devoirs de sa charge !

Cependant, n’ayant rien de ce recours, je n’avais rien non plus de l’absolution grâce à laquelle le criminel qui se confesse s’en va réconforté ; mais je marchais le cœur chargé de crimes, et dans l’obscurité la plus complète sur ce que j’avais à faire. Je languis dans cet état près de deux ans. Je puis bien dire languir ; car si la Providence ne m’avait pas secourue, je n’aurais pas tardé à mourir. Mais nous reviendrons sur ce sujet.

Il faut maintenant retourner à une autre scène, et la réunir à cette partie de mon histoire, qui finira tout ce qui, pour moi,