de moi avec mille expressions de bonté, de tendresse, et de véritable affection. Mais il ne me fit pas la moindre proposition du genre de celles dont ma servante Amy m’avait parlé.
En s’en allant, il me prit dans ses bras ; il protesta de son honnête tendresse pour moi ; il me dit mille choses aimables que je ne peux me rappeler aujourd’hui ; et après m’avoir embrassée vingt fois, à peu près, il me mit dans la main une guinée, pour mes besoins présents, dit-il. Il ajouta qu’il me reverrait avant que cette somme fût épuisée. Il donna en outre une demi-couronne à Amy.
Lorsqu’il fut parti : « Eh bien ! Amy, dis-je, êtes-vous maintenant convaincue que c’est un ami aussi honnête que véritable, et que, dans sa conduite, il n’y a rien, pas même la moindre apparence, de ce que vous imaginiez ? »
» — Oui, dit Amy, j’en suis convaincue, et c’est ce que j’admire. C’est un ami tel que le monde en a peu de semblables.
» — À coup sûr, repris-je, c’est un ami comme j’en désire un depuis longtemps, et comme j’en ai besoin autant qu’aucune créature qui soit ou qui ait jamais été au monde. »
Pour abréger, j’étais si émue de mon bonheur, que je m’assis et pleurai de joie un bon moment, comme j’avais naguère pleuré de chagrin. Amy et moi, nous allâmes nous coucher ce soir là d’assez bonne heure (Amy couchait avec moi) ; mais nous jacassâmes presque toute la nuit sur ce qui arrivait ; et la fille était dans de tels transports, qu’elle se leva deux ou trois fois dans la nuit, pour danser au milieu de la chambre en chemise. En un mot, elle était à moitié folle de joie, nouvelle preuve de sa violente affection pour sa maîtresse, en quoi jamais servante ne la surpassa.
Nous n’entendîmes plus parler de lui pendant deux jours ; mais le troisième jour, il revint. Il me dit alors, avec la même bonté, qu’il avait commandé les choses nécessaires pour meubler la maison. Spécialement, il me renvoyait tous les effets qu’il avait fait saisir en payement du loyer et qui faisaient la meilleure part de mon ancien mobilier.
» — Et maintenant, ajouta-t-il, je vais vous dire ce que j’ai imaginé dans ma tête pour subvenir à vos besoins présents. Voici