Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/305

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me pressa instamment de venir voir le vaisseau, déclarant qu’il nous traiterait aussi bien qu’il le pourrait. Incidemment je dis, comme par hasard, que j’espérais qu’il n’y avait pas d’autres passagers. Il dit que non, qu’il n’en avait pas ; mais il ajouta que sa femme lui faisait depuis longtemps la cour pour qu’il la laissât aller avec lui en Hollande, car il faisait toujours ce trajet ; mais il n’avait jamais pu se décider à aventurer tout ce qu’il avait dans la même carcasse ; cependant, si j’allais avec lui, il avait l’intention de l’emmener avec une parente pour cette traversée, afin qu’elles pussent toutes les deux être à mon service. Il termina en disant que si je voulais lui faire l’honneur de dîner à bord le jour suivant, il amènerait sa femme, pour nous mettre en meilleurs rapports.

Qui aurait pu croire, qu’au fond de tout cela le diable tendait un piège ? ou que je courusse un danger quelconque en une telle occasion, si étrangère, si éloignée de tout ce qui intéressait ma vie passée ? Mais l’événement se trouva être le plus étrange qu’on puisse imaginer. Il arriva qu’Amy n’était pas à la maison quand nous acceptâmes cette invitation ; elle fut donc laissée en dehors. Mais, au lieu d’Amy, nous prîmes notre honnête Quakeresse notre amie, toujours de bonne humeur et que nous nous faisions un point de n’oublier jamais, l’une des meilleures créatures qui jamais vécurent, assurément, et qui, entre mille bonnes qualités sans mélange d’aucun défaut, excellait surtout à se rendre en société la personne la plus aimable du monde. Je crois cependant que j’aurais emmené Amy aussi, si elle n’avait pas été occupée dans l’affaire de cette malheureuse fille. Tout d’un coup, en effet, la fille s’était perdue, et on n’en entendait plus parler. Amy avait fureté tous les endroits où elle pouvait penser qu’il était probable qu’on la rencontrerait ; mais tout ce qu’elle avait pu apprendre était qu’elle était allée chez une de ses vieilles camarades qu’elle appelait sa sœur et qui était mariée à un patron de bateau demeurant à Redriff, et encore la coquine ne m’en avait jamais rien dit. Il paraît que lorsque la fille avait reçu d’Amy le conseil de se donner quelque éducation, d’aller en pension, etc., elle avait été adressée à une pension de Camberwell, et que là, elle avait contracté une liaison avec une demoi-