Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/322

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

» — Oh ! dit la fille, il est impossible qu’il soit plus magnifique. Celui de milady était tout couvert d’or et de diamants. Ses cheveux et sa coiffure — j’oublie le nom qu’on lui donnait, — brillaient comme des étoiles, tant ils étaient chargés de joyaux. »

Je n’avais jamais jusqu’alors désiré que mon excellente amie la Quakeresse fût loin de moi ; mais vraiment j’aurais bien donné, à ce moment là, quelques guinées pour être débarrassée d’elle ; car, sa curiosité s’éveillant à l’idée de comparer les deux vêtements, elle commença innocemment à décrire le mien ; et rien ne me causait tant de terreur que l’appréhension que j’avais qu’elle ne m’importunât pour me le faire montrer, ce à quoi j’étais bien décidée à ne jamais consentir. Mais, avant d’en venir là, elle pressa ma fille de décrire la tyhaia ou coiffure ; ce que celle-ci fit si habilement que la Quakeresse ne put se retenir de dire que la mienne était justement pareille. Après plusieurs autres similitudes constatées, à mon grand ennui, arriva l’aimable prière adressée à moi de faire voir mon costume à ces dames ; et ces dames se joignirent à ce désir et insistèrent de toutes leurs forces jusqu’à en être importunes.

Je priai qu’on m’excusât, quoique, tout d’abord, je n’eusse pas grand’chose à alléguer pour expliquer mon refus. Mais à la fin l’idée me vint de dire qu’il était empaqueté avec ceux de mes autres effets dont j’avais le moins besoin, pour être envoyé à bord du navire du capitaine. Mais si nous vivions assez longtemps pour aller en Hollande ensemble (ce que, soit dit en passant, j’étais bien résolue à empêcher d’arriver jamais), alors, quand je déballerais mes effets, elles me verraient revêtue de ce costume ; mais elles ne devaient pas s’attendre à ce que je danse avec, comme le faisait lady Roxana dans ses beaux atours.

Cela passa assez bien, et, ayant surmonté cette difficulté, je surmontai la plupart des autres, et je commençai à me retrouver à l’aise. Bref, pour en finir aussi avec cette histoire aussitôt qu’il se peut, je me débarrassai à la fin de mes visiteuses que j’aurais voulu voir parties deux heures plus tôt qu’elles n’en avaient l’intention.