Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/33

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de ce qu’il demanderait. Je lui dis donc, sur un ton de tendresse également, qu’il avait tant fait pour moi que je croyais ne devoir lui rien refuser ; seulement j’espérais, et je m’en remettais à lui pour cela, qu’il ne se prévaudrait pas des obligations infinies que je lui avais pour désirer rien de moi qui pût, si je l’accordais, me mettre plus bas dans son estime que je ne souhaitais d’être. Je le prenais pour un homme d’honneur, et, comme tel, je savais qu’il ne saurait m’aimer davantage pour avoir fait quelque chose qui serait au-dessous d’une femme honnête et bien élevée.

Il me répondit qu’il avait fait tout cela pour moi, sans même me dire quelle tendresse et quelle affection il me portait, afin que je ne fusse pas dans la nécessité de lui accorder rien faute de pain à manger. Il n’opprimerait pas plus ma gratitude qu’il n’avait fait auparavant ma misère, et jamais il ne me demanderait quelque chose, en laissant supposer qu’il suspendrait ses faveurs et retirerait son affection s’il était refusé. Il est vrai, ajouta-t-il, qu’il me dirait ses pensées plus librement maintenant qu’autrefois, puisque je lui avais montré que j’acceptais son assistance, et que je voyais qu’il était sincère dans son dessein de m’être utile. Il s’était avancé jusqu’à ce point pour me prouver qu’il était bon à mon égard ; mais maintenant, il me disait qu’il m’aimait, et il montrerait que son amour était honorable, que ce qu’il désirait, il pouvait honnêtement le demander et que je pouvais l’accorder honnêtement aussi.

Je lui répondis que, sous cette double réserve, je ne devais assurément lui rien refuser, et que je me considèrerais, non seulement comme ingrate, mais comme très injuste, si je le faisais.

Il ne dit plus rien ; mais je remarquai qu’il me donnait plus de baisers et qu’il me prenait dans ses bras familièrement, plus qu’à l’ordinaire ; ce qui rappela deux ou trois fois à mon esprit les paroles de ma servante Amy. Cependant, je dois le reconnaître, j’étais si touchée de sa bonté en tant de choses charitables qu’il avait faites, que, non seulement ce qu’il faisait me laissait tranquille et que je n’y offrais aucune résistance, mais encore que j’étais disposée à n’en pas offrir davantage, quoi