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Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/335

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En ceci, mon dessein était double : c’était d’abord d’empêcher mon époux de revoir le capitaine ; c’était ensuite de me retirer du chemin moi-même, au cas où cette impertinente fille, maintenant mon fléau, ferait mine de revenir, comme le croyait mon amie la Quakeresse, et comme il arriva, en effet, deux ou trois jours plus tard.

Ayant ainsi assuré mon départ pour le jour suivant, je n’eus rien à faire qu’à donner à mon fidèle agent, la Quakeresse, quelques instructions sur ce qu’elle aurait à dire à cette persécutrice (elle montra bien, plus tard, qu’elle en était une), et sur la manière d’en venir à bout si elle faisait des visites plus fréquentes qu’il n’est ordinaire.

J’avais grande envie de laisser aussi Amy, pour aider en cas de besoin, car, elle entendait parfaitement bien ce qu’il y avait à conseiller dans une difficulté quelconque, et Amy me pressait de le faire. Mais je ne sais quel secret pressentiment l’emporta sur mon dessein. Je ne pus m’y décider, de crainte que la méchante coquine ne se débarrassât d’elle, chose dont la pensée seule me faisait horreur, et que, cependant, Amy trouva moyen de faire arriver, comme je pourrai le raconter plus au long en son temps.

Il est vrai, que j’avais autant besoin d’être délivrée d’elle que jamais fiévreux d’être délivré de son accès du troisième jour ; et si elle était descendue au tombeau par un moyen légitime quelconque, si je puis dire, — j’entends si elle était morte de quelque maladie ordinaire, — je n’aurais versé sur elle que fort peu de larmes. Mais je n’en étais pas arrivée à un degré de vice endurci tel que je pusse commettre un meurtre, et surtout un meurtre comme celui de mon propre enfant, ni même donner asile dans mon esprit à une pensée si barbare. Mais, comme je le disais, Amy fit tout plus tard à mon insu ; et je la chargeai pour cela de mes cordiales malédictions, tout en ne pouvant guère rien faire de plus, car attaquer Amy c’eût été m’assassiner moi-même. Mais cette tragédie demanderait plus de place que je n’en ai ici de disponible. Je reviens à mon voyage :

Ma chère amie, la Quakeresse, était tendre et cependant honnête ; elle aurait fait n’importe quoi de juste et de droit pour