Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/337

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deux ou trois mots, à elle, c’est-à-dire à mon amie, la Quakeresse. Là dessus la Quakeresse, poliment, mais froidement, la pria d’entrer, ce qu’elle désirait. Notez qu’elle ne la conduisait pas dans le plus beau salon, comme naguère, mais dans une petite chambre écartée où les domestiques se tenaient à l’habitude.

Dès le début de son discours, elle n’hésita pas à faire comprendre qu’elle croyait que j’étais dans la maison, mais que je ne voulais pas me laisser voir ; et elle insista d’une façon très pressante pour pouvoir me parler un moment ; elle y ajouta beaucoup de prières et à la fin des larmes.

» Je suis fâchée dit ma bonne créature, la Quakeresse, que tu aies si mauvaise opinion de moi que de croire que je te dirais ce qui n’est pas la vérité, et que je prétendrais que lady *** est partie de ma maison lorsqu’elle ne l’est pas ! Je t’assure que je n’use pas de semblable méthode ; et lady *** ne désire de moi aucun service de ce genre, que je sache. Si elle avait été dans la maison, je te l’aurais dit. »

Elle n’eût guère rien à répondre à cela ; mais elle dit que c’était d’une affaire de la dernière importance qu’elle désirait me parler ; et elle se remit à pleurer abondamment.

« Tu sembles être douloureusement affectée, dit la Quakeresse. Je voudrais pouvoir te donner du soulagement ; mais si rien ne doit te réconforter que de voir lady ***, c’est une chose qui n’est pas en mon pouvoir.

» — J’espère que si, dit-elle encore. À coup sûr, c’est de grande conséquence pour moi ; et tellement, que sans cela je suis perdue.

» — Cela me trouble grandement de l’entendre parler ainsi, dit la Quakeresse. Mais pourquoi ne l’as-tu pas prise à part la première fois que tu es venue ici ?

» — Je n’ai pas eu l’occasion de lui parler seule, et je ne pouvais pas le faire en société. Si j’avais pu seulement lui dire deux mots seule, je me serais jetée à ses pieds et lui aurais demandé sa bénédiction.

» — Tu me surprends. Je ne te comprends pas, dit la Quakeresse.

» — Oh ! s’écria-t-elle. Restez mon amie, si vous avez