Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/47

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» — Oh ! Amy, repris-je, je donnerai volontiers mon consentement. Cela ne me fera rien du tout. Mieux encore : je vous mettrai dans son lit moi-même une nuit ou l’autre, si vous voulez.

» — Non, madame, non, dit Amy ; non, pas maintenant qu’il est à vous.

» — Eh ! sotte que vous êtes, ne vous ai-je pas dit que je vous mettrais dans son lit moi-même ?

» — Ah ! ah ! dit Amy, si vous me mettez dans son lit, c’est une autre affaire. Je crois que je ne m’en relèverai pas de sitôt.

» — J’en courrai l’aventure, Amy, lui dis-je ? »

Le même soir, après souper, et avant d’avoir quitté la table, Amy étant à portée, je lui dis, à lui :

« Écoutez donc, M. ***, savez-vous que vous devez coucher avec Amy, ce soir ?

» — Non, ma foi, répondit-il. Et, se tournant vers Amy :

« Est-ce vrai ?

» — Non, monsieur, dit-elle.

» — Eh ! ne dites pas cela, petite sotte ; ne vous ai-je pas promis de vous mettre dans son lit ? »

Mais la fille répéta non, et cela passa.

Le soir, lorsque nous fûmes sur le point de nous mettre au lit, Amy entra dans la chambre pour me déshabiller, et son maître se glissa dans le lit le premier. Je me mis alors à lui raconter tout ce qu’Amy m’avait dit sur ce que je n’étais pas encore enceinte, tandis qu’elle aurait eu deux enfants depuis ce temps-là.

« Ah ! Miss Amy, dit-il, je le crois aussi. Venez ici, et nous allons essayer. »

Mais Amy ne bougea pas.

« Allez donc, sotte, lui dis-je. Qui vous empêche ? Je vous en donne volontiers la permission, à tous deux. »

Mais Amy ne voulait pas.

« Allons, catin, vous disiez que si je vous mettais dans son lit, vous le voudriez de tout votre cœur. »

Et en même temps, je la faisais asseoir, je lui tirais ses bas et ses souliers, et tous ses vêtements, morceau par morceau. Puis je la conduisis vers le lit.