Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/59

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dans sa cassette, une grande quantité de diamants d’un prix inestimable ; il portait ces bijoux au prince de***, pour lui montrer des échantillons. Et, en effet, le prince déclara qu’il lui avait parlé de lui apporter quelques bijoux de ce genre pour les lui faire voir. Mais j’eus douloureusement à me repentir plus tard de cette partie de l’histoire, comme vous l’apprendrez.

Ce bruit coupa court à toute recherche à propos de ses bijoux, de sa bague ou de sa montre, aussi bien que touchant les sept cents pistoles dont je m’étais assurée. Quant aux effets en portefeuille, je déclarai que je les avais ; mais comme, d’après ce que je disais, j’avais apporté à mon mari une dot de trente mille francs, je réclamai la propriété de ces effets, qui ne se montaient pas à plus de douze mille francs, comme indemnité. Et ces billets, avec la vaisselle et l’ameublement faisaient la principale partie de son bien qui fût accessible. Pour la lettre de change étrangère qu’il allait faire accepter à Versailles, elle fut réellement perdue avec lui. Mais son gérant, qui la lui avait remise par voie d’Amsterdam, apportant avec lui la seconde lettre, l’argent fut sauvé, comme ils disent ; sans cela, il eût disparu aussi. Les voleurs qui l’avaient dépouillé et assassiné, auraient assurément craint d’envoyer quelqu’un pour faire accepter cette lettre, car cela les aurait infailliblement fait découvrir.

Pendant ce temps, ma servante Amy était arrivée. Elle me rendit compte de son administration, et me dit comment elle avait mis tout en sûreté, et qu’elle avait quitté la maison et envoyé la clef au gérant du commerce de monsieur ; enfin elle me fit savoir combien elle avait retiré de chaque chose, très exactement et très honnêtement.

J’aurais dû noter, en racontant son long séjour avec moi à ***, qu’il n’y avait jamais passé pour autre chose que pour un des locataires de la maison ; et, quoiqu’il fût le propriétaire, cela ne changeait pas le fait. De sorte qu’après sa mort, Amy venant à quitter la maison et à rendre la clef, cela n’avait pour ses employés aucune relation avec le cas de leur maître récemment assassiné.

Je pris de bons avis, à Paris, d’un éminent homme de loi,