Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

légitimes de l’homme souffrent, ce qui est tout à fait contre nature, ou la mère infortunée de l’enfant illégitime a l’épouvantable douleur soit d’être renvoyée avec son enfant et d’être abandonnée à la faim, etc., soit de voir le pauvre petit emporté comme un paquet, pour une pièce d’argent, par quelqu’une de ces bouchères qui débarrassent des enfants, comme cela s’appelle, c’est-à-dire, qui les affament et, en un mot, les assassinent.

Les grands personnages, dis-je, sont délivrés de ce fardeau, parce qu’ils ont toujours les moyens de fournir à la dépense de leur postérité irrégulière, en faisant quelque petite assignation de fonds sur la banque de Lyon ou l’hôtel de ville de Paris, et en stipulant que ces sommes sont versées pour faire face à telles dépenses qu’ils jugeront fondées.

Ainsi, dans le cas de cet enfant de moi, tant que le Prince et moi entretînmes des relations, il n’y eut pas besoin de prendre aucune disposition pour l’apanage ou l’entretien de l’enfant ou de sa nourrice, car il me fournissait plus qu’il ne fallait pour tout cela ; mais plus tard, lorsque le temps et une circonstance particulière eurent mis fin à nos relations (de telles liaisons ont toujours un terme, et généralement se rompent brusquement), plus tard, dis-je, je sus qu’il avait établi pour les enfants une pension fixe, par l’assignation d’une rente annuelle sur la banque de Lyon, laquelle était suffisante pour les avancer convenablement, quoique en simples particuliers, dans le monde, et cela d’une façon non indigne du sang de leur père, tout en étant moi-même disparue et oubliée dans la circonstance ; et les enfants n’ont jamais jusqu’à ce jour rien su de leur mère, autrement que comme vous en aurez le détail ci-après.

Mais, pour revenir à l’observation particulière que je faisais, et qui, je l’espère, pourra être utile à ceux qui liront mon histoire, je répète que c’était quelque chose de merveilleux pour moi de voir ce personnage si extrêmement ravi de cette naissance, et si content de cet enfant ; il s’asseyait et le regardait, parfois avec un air grave, pendant de longs moments de suite, et j’observai qu’il aimait particulièrement le regarder quand il était endormi.

C’était, à la vérité, un aimable et charmant enfant ; et il avait