Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/87

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monde avaient une barre dans leurs armes et que cela n’avait pas d’importance pour eux, surtout lorsque leur renommée commençait à s’élever sur la base de leur mérite acquis. Et là-dessus, il se mit à m’énumérer quelques-unes des plus grandes familles de France et aussi d’Angleterre.

Cela mit fin à notre conversation sur ce sujet pour quelque temps. Mais une fois, je m’avançai davantage avec lui, en tournant la conversation du sort réservé à nos enfants aux reproches que ces enfants seraient en position de nous adresser, à nous, leurs auteurs ; et, comme je parlais avec un peu trop de chaleur, il finit par recevoir une impression plus profonde que je ne l’aurais voulu. À la fin, il me dit que j’avais presque joué le rôle d’un confesseur auprès de lui, mais que je pourrais bien lui prêcher une doctrine plus dangereuse qu’il ne nous conviendrait à l’un et à l’autre, ou que je ne le soupçonnais.

« Car, ma chère, ajouta-t-il, si nous en arrivons une fois à parler de repentir, il faudra parler de nous séparer. »

S’il y avait déjà des larmes dans mes yeux, elles coulèrent alors trop abondantes pour être retenues, et je ne lui donnai que trop l’assurance par mes regards que je n’avais pas encore dans l’esprit de réflexions assez fortes pour aller jusque-là, et que je ne pouvais pas plus songer à nous séparer qu’il ne le pouvait de son côté.

Il me dit beaucoup de tendres choses, pleines de grandeur, comme lui-même ; et, atténuant notre crime, il me déclara qu’il ne pourrait pas plus se séparer de moi que moi de lui. Ainsi, pour conclusion, l’un et l’autre, en dépit même de nos lumières et en dépit de notre conviction, nous continuâmes dans le péché. À la vérité son affection pour l’enfant était un lien très fort, car il l’aimait extrêmement.

Cet enfant devint par la suite un homme considérable. Il fut d’abord officier aux Gardes du corps, en France, et, plus tard, colonel d’un régiment de dragons en Italie ; et, en un grand nombre d’occasions extraordinaires, il montra qu’il n’était pas indigne d’un tel père, mais qu’il aurait à bien des égards mérité une naissance légitime et une mère meilleure. D’ailleurs nous en reparlerons.