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MOLL FLANDERS

traignait ; car les raisons qu’il avait de ne point vouloir venir à Londres étaient très bonnes, ainsi que je le compris pleinement plus tard.

Je lui donnai maintenant l’indication de l’adresse où il devait m’écrire, quoique réservant encore le grand secret, qui était de ne jamais lui faire savoir mon véritable nom, qui j’étais, et où il pourrait me trouver ; lui de même me fit savoir comment je devais m’y prendre pour lui faire parvenir une lettre, afin qu’il fût assuré de la recevoir.

J’arrivai à Londres le lendemain du jour où nous nous séparâmes, mais je n’allai pas tout droit à mon ancien logement ; mais pour une autre raison que je ne veux pas dire je pris un logement privé dans Saint-Jones street, ou, comme on dit vulgairement, Saint-Jones en Clerkenwell : et là, étant parfaitement seule, j’eus assez loisir de rester assise pour réfléchir sur mes rôderies des sept derniers mois, car j’avais été absente tout autant. Je me souvenais des heures charmantes passées en compagnie de mon dernier mari avec infiniment de plaisir ; mais ce plaisir fut extrêmement amoindri quand je découvris peu de temps après que j’étais grosse.

C’était là une chose embarrassante, à cause qu’il me serait bien difficile de trouver un endroit où faire mes couches ; étant une des plus délicates choses du monde en ce temps pour une femme étrangère et qui n’avait point d’amis, d’être entretenue en une telle condition sans donner quelque répondant, que je n’avais point et que je ne pouvais me procurer.

J’avais pris soin tout ce temps de maintenir une correspondance avec mon ami de la Banque ou plutôt il