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MOLL FLANDERS

— Eh bien, dit elle, vous accorderez-vous à faire quelque petite dépense annuelle plus forte que la somme que nous donnons d’ordinaire aux personnes avec qui nous nous entendons ?

— Oui, oui, dis-je, de tout mon cœur, pourvu que je puisse rester inconnue.

— Pour cela, dit-elle, vous pouvez être tranquille ; car jamais la nourrice n’osera s’enquérir de vous et une ou deux fois par an vous viendrez avec moi voir votre enfant et la façon dont il est traité, et vous vous satisferez sur ce qu’il est en bonnes mains, personne ne sachant qui vous êtes.

— Mais, lui dis-je, croyez-vous que lorsque je viendrai voir mon enfant il me sera possible de cacher que je sois sa mère ? Croyez vous que c’est une chose possible ?

— Eh bien, dit-elle, même si vous le découvrez, la nourrice n’en saura pas plus long ; on lui défendra de rien remarquer ; et si elle s’y hasarde elle perdra l’argent que vous êtes supposée devoir lui donner et on lui ôtera l’enfant.

Je fus charmée de tout ceci : de sorte que la semaine suivante on amena une femme de la campagne, de Hertford ou des environs, qui s’accordait à ôter l’enfant entièrement de dessus nos bras pour 10 £ d’argent ; mais si je lui donnais de plus 5 £ par an, elle s’engageait à amener l’enfant à la maison de ma gouvernante aussi souvent que nous désirions, ou bien nous irions nous-mêmes le voir et nous assurer de la bonne manière dont elle le traiterait.

La femme était d’apparence saine et engageante ; elle était mariée à un manant, mais elle avait de très bons