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MOLL FLANDERS

jusqu’à destination ; mais je descendis en un endroit du nom de Stone, dans le Cheshire, où non seulement je n’avais aucune manière d’affaire, mais pas la moindre connaissance avec qui que ce fût en ville ; mais je savais qu’avec de l’argent dans sa poche on est chez soi partout ; de sorte que je logeai là deux ou trois jours ; jusqu’à ce que, guettant une occasion, je trouvai place dans un autre coche, et pris un retour pour Londres, envoyant une lettre à mon monsieur, où je lui fixais que je serais tel et tel jour à Stony Stratford, où le cocher me dit qu’il devait loger.

Il se trouva que j’avais pris un carrosse irrégulier, qui, ayant été loué pour transporter à West-Chester certains messieurs en partance pour l’Irlande, était maintenant sur sa route de retour, et ne s’attachait point strictement à l’heure et aux lieux, ainsi que le faisait le coche ordinaire ; de sorte qu’ayant été forcé de s’arrêter le dimanche, il y avait eu le temps de se préparer à venir, et qu’autrement il n’eût pu faire.

Il fut pris de si court qu’il ne put atteindre Stony Stratford assez à temps pour être avec moi la nuit, mais il me joignit à un endroit nommé Brickhilt le matin suivant, juste comme nous entrions en ville.

Je confesse que je fus bien joyeuse de le voir, car je m’étais trouvée un peu désappointée à la nuit passée. Il me charma doublement aussi par la figure avec laquelle il parut, car il arrivait dans un splendide carrosse (de gentilhomme) à quatre chevaux, avec un laquais.

Il me fit sortir tout aussitôt du coche qui s’arrêta à une hôtellerie de Brickhilt et, descendant à la même hôtellerie, il fit dételer son carrosse et commanda le dîner. Je lui