Me voilà partie, et arrivant à la maison, je trouvai tout le monde dans la confusion, comme bien vous pensez ; j’entrai toute courante, et trouvant une des servantes :
— Hélas ! mon doux cœur, m’écriai-je, comment donc est arrivé ce triste accident ? Où est votre maîtresse ? Est-elle en sûreté ? Et où sont les enfants ? Je viens de chez Mme *** pour vous aider.
Voilà la fille qui court.
— Madame, madame, cria-t-elle aussi haut qu’elle put hurler, voilà une dame qui arrive de chez Mme *** pour nous aider.
La pauvre dame, à moitié hors du sens, avec un paquet sous son bras et deux petits enfants vient vers moi :
— Madame, dis-je, souffrez que j’emmène ces pauvres petits chez Mme *** ; elle vous fait prier de les lui envoyer ; elle prendra soin des pauvres agneaux.
Sur quoi j’en prends un qu’elle tenait par la main, et elle me met l’autre dans les bras.
— Oh oui ! oui ! pour l’amour de Dieu, dit-elle, emportez-les ! Oh ! remerciez-la bien de sa bonté !
— N’avez-vous point autre chose à mettre en sûreté, madame ? dis-je ; elle le gardera avec soin.
— Oh ! Seigneur ! dit-elle, Dieu la bénisse ! Prenez ce paquet d’argenterie et emportez-le chez elle aussi. Oh ! c’est une bonne femme ! Oh ! nous sommes entièrement ruinés, perdus !
Et voilà qu’elle me quitte, se précipitant tout égarée, et les servantes à sa suite, et me voilà partie avec les deux enfants et le paquet.
À peine étais-je dans la rue que je vis une autre femme venir à moi :