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MOLL FLANDERS

un pareil exemple devant les yeux ; mais j’avais une nouvelle tentatrice qui m’aiguillonnait tous les jours, je veux dire ma gouvernante, et maintenant se présenta une affaire où, ainsi qu’elle avait été préparée par son gouvernement, ainsi elle espérait une bonne part du butin. Il y avait une bonne quantité de dentelles de Flandres qui était logée dans une maison privée où elle en avait ouï parler ; et la dentelle de Flandres étant prohibée, c’était de bonne prise pour tout commis de la douane qui la pourrait découvrir ; j’avais là-dessus un plein rapport de ma gouvernante, autant sur la quantité que sur le lieu même de la cachette. J’allai donc trouver un commis de la douane et lui dis que j’avais à lui faire une révélation, à condition qu’il m’assurât que j’aurais ma juste part de la récompense. C’était là une offre si équitable que rien ne pouvait être plus honnête ; il s’y accorda donc, et emmenant un commissaire, et moi avec lui, nous occupâmes la maison. Comme je lui avais dit que je saurais aller tout droit à la cachette, il m’en abandonna le soin ; et le trou étant très noir, je m’y glissai avec beaucoup de peine, une chandelle à la main, et ainsi lui passai les pièces de dentelles, prenant garde, à mesure que je les lui donnais, d’en dissimuler sur ma personne autant que j’en pus commodément emporter. Il y avait en tout environ la valeur de 300 £ de dentelles ; et j’en cachai moi-même environ la valeur de 50 £. Ces dentelles n’appartenaient point aux gens de la maison, mais à un marchand qui les avait placées en dépôt chez eux ; de sorte qu’ils ne furent pas si surpris que j’imaginais qu’ils le seraient.

Je laissai le commis ravi de sa prise et pleinement