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MOLL FLANDERS

était en tribulation pour ce que moi seule avais volé.

Là encore mon ancienne prudence me fut bien utile ; j’avais beau voler en compagnie de ces gens, pourtant je ne leur laissais jamais savoir qui j’étais, ni ne pouvaient-ils jamais découvrir où je logeais, malgré qu’ils s’efforçassent de m’épier quand je rentrais. Ils me connaissaient tous sous le nom de Moll Flanders, bien que même quelques-uns d’entre eux se doutassent plutôt que je fusse elle, qu’ils ne le savaient ; mon nom était public parmi eux, en vérité ; mais comment me découvrir, voilà ce qu’ils ne savaient point, ni tant que deviner où étaient mes quartiers, si c’était à l’est de Cité ou à l’ouest ; et cette méfiance fut mon salut à toutes ces occasions.

Je demeurai enfermée pendant longtemps sur l’occasion du désastre de cette femme ; je savais que si je tentais quoi que ce fût qui échouât, et que si je me faisais emmener en prison, elle serait là, toute prête de témoigner contre moi, et peut-être de sauver sa vie à mes dépens ; je considérais que je commençais à être très bien connue de nom à Old Bailey, quoiqu’ils ne connussent point ma figure, et que si je tombais entre leurs mains, je serais traitée comme vieille délinquante ; et pour cette raison, j’étais résolue à voir ce qui arriverait à cette pauvre créature avant de bouger, quoique à plusieurs reprises, dans sa détresse, je lui fis passer de l’argent pour la soulager.

À la fin son jugement arriva. Elle plaida que ce n’était point elle qui avait volé les objets ; mais qu’une Mme Flanders, ainsi qu’elle l’avait entendu nommer (car elle ne la connaissait pas), lui avait donné le paquet